L'histoire des motos Dax

Lorsque Dax débute en 1932 au 6, impasse des cailloux à Clichy, la France est alors frappée de plein fouet par la crise internationale. Paradoxalement, c'est durant cette période que le pouvoir d'achat des ouvriers augmente (perte de salaire 12,5 %, diminution du coût de la vie 25 %). . La production mondiale de motocyclettes qui est de 379 000 machines en 1929, passe à 488 000 en 1931 puis 542 000 en 1933. Par contre, la production française ne cesse de chuter. En 1930, il est produit en France 105 000 motos. 1931, voit cette production divisée par deux. La chute semble inexorable puisqu'en 1936 seulement 18 000 motos sont produites dans l'hexagone. La conjoncture n'est donc pas vraiment favorable à l'implantation de cette nouvelle marque de motos.

Dax est avant tout le fruit de la collaboration de quatre amis visionnaires et soucieux de réaliser des motos de qualité. Le premier, Pierre de Font-Réaulx est déjà célèbre pour la fondation de la marque DFR (http://motosdfr.free.fr), par son passé glorieux de compétiteur et pour sa collaboration au sein de la marque Dresch dans la création du 500 cc bicylindre. Il travaille sur le projet du futur moteur de la marque, avec Jean Lioux, dessinateur-projeteur, depuis 1930. "Pierre" devient naturellement l'ingénieur de la marque, Robert Dahan, le commercial et Dominique Ducoloné, le financier (D. Ducoloné venant de la marque Dollar). Nous ne connaissons pour le quatrième associé que le nom, Mélézieux ; qui a pour ami Géo Ham. Ce dernier étant à l'origine de l'esthétique particulière des motos. Dax, ville natale de Dominique Ducoloné devient la dénomination de l'entreprise. Une autre théorie veut que ce soient la première lettre de Dahan et la dernière de Font-Réaulx réunies par un A qui formeraient la dénomination Dax.

Dax 350 cc type A modèle 1932 Le moteur à magnéto

Dax présente sa première motocyclette au salon de Paris en octobre 1932. Il s'agit d'une motocyclette de 350 cc culbutée entièrement fabriquée par la marque. Moto-revue réserve une page et demie dans le numéro 522, à cette nouvelle venue dans la production française. Max End ne tarie par d'éloges tout le long de son article sur la Dax 350 cc type A. Elle est vendue 4 500 francs, ce qui est fortement raisonnable par rapport aux motos de cette catégorie (Gnome Rhône CM1 : 5 100 fr., Terrot HSSL : 4975 fr., New Map BYS : 6 375 fr.), de plus la finition est exceptionnelle.

Sûre de sa machine, Dax n'hésite pas à s'engager dans une épreuve de régularité dès le début 1933, le Paris, Pyrénées, Paris. Les trois machines aux mains de Pierre, de Lioux et de Bourra termineront la course avec 2 médailles d'or et une médaille de Vermeil. C'est même une de ces machines à peine de retour de l'épreuve qui servit au test du Moto-revue 522. L'activité sportive, en ces temps de crise, ne semble pas être la priorité de la marque. Quelques classements sont cependant réalisés sur les circuits de tourisme et les épreuves d'endurance par le pilote Guillerot.

Pour 1934, Dax élargie sa gamme, en présentant en plus de la 350 cc type A modèle luxe, une 350 cc double tube modèle sport ainsi qu'une 175 cc deux temps utilitaire. Les 350 cc peuvent être vendues avec l'option grand luxe (détaillée dans la page Type A). Les prix sont alors les suivants : 350 cc luxe : 4 820 fr., 350 sport : 5 220 fr., 175 utilitaire : 2 495 fr. A la fin de 1934, dans moto-revue, un plébiscite sur les motos préférées des lecteurs fait apparaître la Dax sport au milieu d'autres machines prestigieuses.


L'essai de la Dax attelée sur le MR du 7 septembre 1935

Détail de la fixation et du sélecteur


Pour 1935, Dax conserve ses modèles de 1934. Au cours de cette année, moto-revue procède à un seul essai d'une type A attelée à un side Bernardet. Celle-ci est équipée du sélecteur Vitex mis au point par Dax et commercialisé pour équiper plusieurs marques de motos. Ce sélecteur fait désormais parti des options Dax, il est vendu pour 250 francs supplémentaires.

La crise économique reprend de l'ampleur en France. Les mauvaises décisions politiques entraînent la société française dans une crise qui va perdurer, à défaut d'avoir été aussi profonde que dans les autres pays.

Au salon 1935, Dax présente pour l'année 1936, en plus de ses trois modèles existants, trois nouvelles motos : Une 100 cc 4 temps à culbuteurs et les nouvelles rafales déclinées en 350 et 500 cc. La Baby surprend par la qualité de finition identique aux autres modèles de la marque ainsi que par la débauche technologique utilisée pour cette BMA.
La baby est vendue toute équipée au prix de 1 995 fr., la 350 Rafale, 5 050 fr. et la 500 cc 5 325 fr. Le moteur Rafale est une étude de Robert Dahan qui va à la fois travailler à la réalisation des blocs Dax et de ceux de la firme Chaise (R36 et R536) qui équiperont les motos Dollar.

L'année 1936 est celle des grèves générales de juin et des accords de Matignon. La crise s'accentue début 1937 avec une forte hausse des prix. Plusieurs événements internes à l'entreprise aggravent les choses : Pierre de Font-Réaulx fait une mauvaise chute lors d'un essai et restera paralysé d'une jambe après une immobilisation forcée d'une année. Au printemps 1936, Robert Dahan quitte définitivement les motos Dax pour rejoindre l'Omnium métallurgique et industriel domicilié rue de Lançon à Paris, firme propriétaire de Dollar, Chaise et Magestic .

Dans le cas ou Dax a réussi à surmonter les grèves de 1936, la faible rentabilité de sa production par rapport à la concurrence et la faible diffusion de la marque peuvent très bien expliquer la fin tragique de la marque. En tout cas, Dax n'est plus présente au salon d'octobre 1936. En 1937, quelques publicités paraissent encore ici et là à propos du sélecteur Vitex. Ce sont les dernières traces de Dax.

En 1946, Marc Martin des motos Marc rachète les brevets de la Rafale, de la baby et du sélecteur Vitex. Il exploitera uniquement le selecteur Vitex qui donnera une seconde jeunesse aux motos d'avant-guerre.
Aujourd'hui, l'histoire atypique de Dax en fait une marque très recherchée par sa rareté et la beauté de ses machines. Le peu de motos qui restent font la joie et la fierté de leurs propriétaires.

La devise de Dax aurait pu être ce slogan publicitaire utilisé pour la promotion du modèle Rafale : "Sur ce moteur, les solutions les plus chères ont été employées sans parcimonie, parce qu'elles sont les seules qui puissent donner entière satisfaction".


Le site complet sur les motos Dax est disponible sur http://motosdax.free.fr